La basilique algérienne de Saint-Augustin, un symbole d'échanges entre christianisme et islam
Édifice catholique majeur en Algérie, la basilique Saint-Augustin d’Annaba demeure un lieu de culte, de mémoire et de dialogue. Elle est autant un monument qu’un symbole : celui d’une passerelle entre croyants chrétiens et musulmans.
La basilique Saint-Augustin d’Annaba a été inaugurée en 1900. Construite sur la colline d’Hippone, ancien nom de la ville dans l’Antiquité, elle surplombe les ruines romaines situées en contrebas. Un site archéologique sur lequel on peut notamment voir les vestiges de la ”basilique de la Paix” où "Augustin aurait officié et exercé ses fonctions d’évêque de la cité de 395 à 430.
“L’Église, ici, voulait un lieu de culte consacré à Saint-Augustin. Et c’est toujours un lieu de culte”, précise Mgr Paul Desfarges, archevêque émérite d’Alger, que nous avons pu interviewer durant le tournage de l’épisode 6 de Direction l’Algérie.
Un monument hommage
Né à Taghaste, ville actuelle de Souk Ahras à quelques kilomètres d”Annaba, Augustin est ordonné prêtre puis devient évêque d'Hippone entre le 4e et 5e siècles. Les chrétiens le considèrent comme l’un des 4 Pères de l’Église catholique. La basilique Saint-Augustin d’Annaba a donc été fondée en son honneur.
“Les chrétiens continuent de prier dans cette basilique, tous les vendredis parce qu’en Algérie, le jour du congé hebdomadaire, c’est le vendredi”, explique Mgr Paul Desfarges.
Monument mémoriel, rendant hommage à un saint africain devenu l’une des figures majeures du christianisme, la basilique a été restaurée dans les années 2010 grâce à élan international.
“Un enfant du pays”
Restaurée à partir de 2010, la basilique Saint-Augustin d’Annaba a rouvert au public en octobre 2013. Une restauration rendue possible par “un rassemblement de solidarité de la France, de l’Algérie, des sociétés nationales, de beaucoup d’anonymes, des ambassades, le pape Benoit XVI. Un bel exemple de solidarité. Les dons sont venus de partout, y compris des anonymes, parce que justement, les gens sont attachés à cette basilique”, précise l’homme d’Église. Un exemple rare de coopération internationale autour d’un monument.
En plus des célébrations hebdomadaires chaque vendredi, la basilique est devenue depuis sa réouverture un lieu de visite patrimonial qui attire les voyageurs de passage dans la ville. “Quand on vient à Annaba, on ne peut pas ne pas visiter la basilique Saint-Augustin”, poursuit-il. “Saint-Augustin est un enfant du pays. Je crois que les Algériens peuvent être fiers de Saint-Augustin.”
Une passerelle entre chrétiens et musulmans
“On a un colloque ici, islamo-chrétien autour de Saint-Augustin dans la basilique. Mais bientôt aussi, l’université d’Annaba organisera des journées sur Saint-Augustin”, nous apprend Mgr Paul Desfarges.
Les habitants d’Annaba appellent la basilique Saint-Augustin : “Lalla Bouna”, en référence à l’ancien nom que portait la ville sous les dynasties arabo-berbères. “Nous ne pouvons pas être ici sans nous rencontrer. Nous sommes des croyants chrétiens au milieu d’autres croyants musulmans. C’est un lieu de passerelle, un lieu où l’on peut se retrouver quelle que soit sa religion”, témoigne celui qui vit en Algérie depuis plus de 50 ans.
Un lieu d’échanges entre chrétiens et musulmans où le dialogue est facilité par l’origine algérienne du saint africain devenu l’une des figures majeures du christianisme. Ou encore, par la vierge Marie, figure importante pour les deux religions monothéistes. “Marie est très importante. Les gens peuvent poser un cierge devant la relique de Saint-Augustin, mais beaucoup choisissent de le poser devant Lala Meriem. Beaucoup de musulmans prient Marie“.
