La robe kabyle, entre tradition et modernité

Tenue indispensable portée lors de fêtes familiales et religieuses, la tenue kabyle est un symbole fort de l’identité amazigh. De plus en plus modernes, les traditionnelles robes des anciennes femmes berbères sont customisées pour être remises au goût du jour, mais sans jamais pour autant être dénaturées.

Une robe kabyle moderne (Crédit photo : Direction l'Algérie, la série documentaire / Ayadi Productions)

Pour les femmes berbères, la robe kabyle est plus qu'un simple vêtement, c'est un symbole important de l'identité amazigh. Rouges profonds, jaunes solaires, bleus denses, verts francs, cette tenue est identifiable par ses couleurs vives et ses motifs géométriques. Récit de matières autant que de design, elle s’est imposée comme un indispensable des fêtes familiales.

Au fil des siècles, son style n'a pas cessé d'évoluer. Ainsi, il n’est plus rare de voir les traditionnelles '“taqendurt" ou "djeba" en laine des anciennes revisitées de nos jours.

Une identité

Les tenues kabyles racontent l’époque, les villages, les cérémonies… Et les femmes qui les portent. Couturières, brodeuses, mères et filles… Elles sont les gardiennes de la créativité féminine et de la mémoire d’un territoire.

Une bonne robe kabyle, c’est une robe qui représente notre patrimoine connu depuis l’Antiquité, depuis toujours”, explique Souad Kirouani, styliste à Béjaïa. Forte de ses plus de 20 années d’expérience dans la ville, il lui faut aujourd’hui “deux à trois jours” pour confectionner ses créations. “Généralement, je travaille avec la mariée, je fais le trousseau de la mariée”, souligne l’artisane interrogée durant le tournage de l’épisode 3 de Direction l’Algérie.

De fil en aiguille

Dans cet atelier 100 % féminin de Béjaïa qui tourne à plein régime, les ouvrières ne chôment pas. Une fois confectionnées, les robes qui en sortent sont livrées à Béjaïa, mais pas seulement. Car les commandes affluent de toute part, d’Algérie, mais aussi de l’étranger : “De toutes les wilayas, même en dehors du pays. France, Canada, Angleterre… Tous les continents, pratiquement”, confie Souad Kirouani qui nous fait fièrement visiter ses espaces de travail.

Après l’étape de coupe, vient celle de la broderie, phase essentielle d’ajout des motifs propres à la culture berbère. Suivent ensuite les phases de confection et de réalisation du vêtement, comme le montage, le “perlage” et la finition. “La tendance maintenant, c’est la pierre et le cristal”.

Des coupes modernes

Située dans la région historique de petite Kabylie, Béjaïa possède sa propre robe. “On l’appelle la Béjaïouia. Elle se rapproche un tout petit peu de la robe bônoise. C’est une robe traditionnelle, brodée avec du fil en or, du cristal, ornée de perles, un peu modernisée“, précise Souad Kirouani.

Rendre la robe kabyle toujours plus tendance, "en la modernisant avec des coupes modernes", c'est le credo de cette styliste bougiote. “On essaie de la rendre d’actualité”, précise-t-elle. La moderniser oui, mais sans en dissoudre l’esprit. Étoffes plus légères, bordures fines, alignements de couleurs, ceintures qui marquent la taille et structurent la posture… l’idée n’est pas d’“occidentaliser” la robe, mais de l’habiller pour la ville.

Dans son atelier de couture, justement, nous avons rencontré Lydia Sadat, miss Béjaïa 2021, qui nous a fait part de son souhait : voir les tenues sortir des seules fêtes pour les faire entrer dans la vie quotidienne. "Que toutes les filles de la Kabylie ou bien d’Algérie, portent les robes ou les tenues traditionnelles en dehors des fêtes ou des événements". Qu'elles deviennent un vêtement du quotidien, en somme. Celle qui a fièrement représenté la ville de Béjaïa est devenue une aficionada de ces tenues : “Je porte toujours des robes kabyles. Même à l’université, j’en porte. C’est trop beau“.

Houari Ayadi

Producteur-réalisateur de la série documentaire Direction l’Algérie (AYADI Productions - A. Prods)

https://www.directionlalgerie.com/
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