Nouvel ambassadeur du Pape en Algérie : Léon XIV bientôt à Annaba ?
Le Pape Léon XIV vient de nommer un nouvel ambassadeur en Algérie. Ce dernier aura notamment pour mission d’organiser le possible déplacement du souverain pontife dans le pays, où saint Augustin, considéré par les chrétiens comme l’un des Pères de l’Église catholique, est né il y a plusieurs siècles.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune rencontre le Pape Léon XIV au Vatican, jeudi 24 juillet 2025
Mgr Javier Herrera Corona a été nommé nonce apostolique en Algérie par le pape Léon XIV, a annoncé le service de presse du Saint-Siège ce samedi 22 novembre 2025. Le rôle d'un nonce apostolique est équivalent à celui d'ambassadeur, avec pour mission d'assurer une communication directe entre le Saint-Siège et l'Église locale du pays où il est affecté.
À 57 ans, l’archevêque de nationalité mexicaine devient ainsi le nouvel agent diplomatique du gouvernement de l'Église catholique. Il aura notamment en charge l’organisation du possible déplacement de Léon XIV sur le territoire algérien, où saint Augustin, maître spirituel du Pape, est né il y a plusieurs siècles.
Javier Herrera Corona a déjà une expérience sur le continent africain puisqu’il a occupé, pendant 3 ans et jusqu'au mois de mars dernier, le poste de nonce apostolique en République du Congo et au Gabon. Il a dans le passé également représenté le pontificat au Pakistan, au Pérou, au Kenya, en Grande-Bretagne et aux Philippines.
Javier Herrera Corona en visite à Ntoum, au Gabon, en novembre 2024
Le Pape, bientôt en Algérie ?
À la suite de son élection en mai 2025 à la tête de l’Église catholique et comme chef d’État du Vatican, le Pape avait reçu les félicitations d’Abdelmadjid Tebboune. Léon XIV lui avait alors répondu en lui exprimant "son vif souhait de se rendre en Algérie, terre qui a vu naître saint Augustin, dont le Pape a fièrement affirmé, dans sa première prise de parole papale, être le fils”, selon un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, de la Communauté nationale à l'étranger et des Affaires africaines.
Quelques semaines plus tard, le président algérien et le souverain pontife s’étaient rencontrés au siège du Vatican. L’évocation de saint Augustin avait occupé une place particulière durant l’échange entre les deux dirigeants.
Le président algérien Abdelmadjid Tebboune et le Pape Léon XIV au Vatican, jeudi 24 juillet 2025
Le Pape Léon XIV connait bien l'Algérie pour s’y être déjà rendu à deux reprises avant son élection. “Il porte une affection sincère pour ce pays et pour son peuple. Quant au Président Abdelmadjid Tebboune, il a toujours exprimé son respect pour l'Église catholique. Ce respect est pleinement réciproque", a indiqué Jean-Paul Vesco à nos confrères du quotidien Horizons il y a quelques semaines.
L'Archevêque d'Alger a également qualifié la rencontre de juillet dernier d'"extrêmement importante" et de "signe fort de bonnes relations entre le Saint Siège et l'Algérie", où l’Eglise est présente depuis longtemps avec Saint Augustin comme figure emblématique, a-t-il notamment souligné.
Augustin d’Hippone
Pour les chrétiens, Saint Augustin est “un des plus grands saints de l'Église, un philosophe érudit”, explique Fred Wekesa, recteur et père de la basilique d'Annaba, dans l'épisode 6 de Direction l'Algérie.
“Il a façonné les doctrines de l’Église. Si vous allez à la basilique Saint-Pierre de Rome, vous verrez que derrière l’autel se trouvent les Pères de l’Église et Augustin est l’un d’entre eux”.
Augustin est né en 354 à Thagaste, l’actuelle ville algérienne de Souk Ahras : “Un jour, il vient rendre visite à un de ses amis, à Hippone“ (ancien nom d’Annaba, la quatrième ville d’Algérie), raconte Fred Wekesa. “La population locale connaissait déjà l’orateur qu’il était. On peut aussi le comparer aux influenceurs que nous avons maintenant sur les réseaux sociaux. Les gens ont donc vu en lui la personne idéale pour occuper le poste de prêtre, car il parlait très bien latin”.
Nommé ensuite évêque d’Hippone, Augustin conduira l’église locale de 395 à 430 tout en écrivant Les Confessions, La Cité de Dieu, ses œuvres majeures. Il va ainsi révolutionner la religion chrétienne et permettre à l’ancienne capitale romaine de devenir un centre intellectuel et spirituel important de la Méditerranée à cette époque.
Aujourd’hui encore, au milieu des ruines antiques de la ville d’Annaba en Algérie, se trouve les vestiges de la “basilique de la Paix”, où Augustin aurait officié et exercé ses fonctions d’évêque de la cité entre le 4e et le 5e siècle.
Un dialogue interreligieux
En 1900, une basilique a été inaugurée à Annaba, en l’honneur du célèbre penseur africain devenu l’une des figures majeures du christianisme : “L’Église, ici, voulait un lieu de culte consacré à Saint-Augustin. Et c’est toujours un lieu de culte”, précise Mgr Paul Desfarges, archevêque émérite d’Alger, que nous avons interrogé pendant le tournage de l’épisode de Direction l’Algérie consacré à la ville d’Annaba.
“On a un colloque ici, islamo-chrétien autour de Saint-Augustin dans la basilique. Mais bientôt aussi, l’université d’Annaba organisera des journées sur Saint-Augustin”, nous apprend M. Desfarges.
Les habitants d’Annaba appellent la basilique Saint-Augustin “Lalla Bouna”, en référence à l’ancien nom que portait la ville sous les dynasties arabo-berbères. “Nous ne pouvons pas être ici sans nous rencontrer. Nous sommes des croyants chrétiens au milieu d’autres croyants musulmans. C’est un lieu de passerelle, un lieu où l’on peut se retrouver quelle que soit sa religion”, témoigne celui qui a élu domicile en Algérie depuis plus de 50 ans.
“Les chrétiens continuent de prier dans cette basilique, tous les vendredis parce qu’en Algérie, le jour du congé hebdomadaire, c’est le vendredi”, ajoute Mgr Paul Desfarges.
L’édifice est devenue un monument phare de la ville d’Annaba. “Quand on vient à Annaba, on ne peut pas ne pas visiter la basilique Saint-Augustin”, poursuit-il. “Saint-Augustin est un enfant du pays.”
