Le Allaoui, la musique et danse guerrière algérienne qui a inspiré Dj Snake pour son tube “Disco Maghreb”

Né dans les plaines de l’Ouest algérien, le Allaoui mêle musique et danse. Héritage des guerriers arabes, transmis de génération en génération, cet art ancestral mobilise la voix, mais surtout le corps dans une chorégraphie où les épaules, les pieds et les percussions rappellent des combats anciens. C’est de cet art que s’est inspiré Dj Snake pour créer son tube planétaire “Disco Maghreb”.

Un groupe de Allaoui à Tlemcen (Crédit photo : Direction l'Algérie, la série documentaire / Ayadi Productions)

Selon certains spécialistes, comme le chercheur universitaire Yazli Ben Amar, le Allaoui est né au sein de la tribu des Ouled Nhar, près de Sebdou, une commune située dans l'actuel canton de Tlemcen. Pour d’autres, cet art, qui autrefois été joué et dansé par les guerriers arabes, trouve ses racines dans les hauts plateaux d’Algérie et d’Oranie.

Danse et chant de guerre

Sous les ordres d’un meneur, entraînés par le son de la gasba (une flûte de roseau) et du bendir (une percussion), les danseurs de Allaoui font office de combattants. Alignés ou en cercle et au son des instruments, ils imitent les gestes de la bataille à travers des mouvements d’épaules et des frappes de pieds.

Mouvement des bras et d’épaule comme pour signifier un coup d’épée, pas marqués comme pour imiter une marche militaire, avancées, replis, défis… Sous l’impulsion de cris ponctuant l’énergie collective, la chorégraphie Allaoui rappelle des combats anciens.

D’abord rituelle et martiale, cette danse s’est transformée au fil du temps en expression culturelle et festive, sans perdre son intensité symbolique.

Un art toujours pratiqué à Tlemcen et dans une bonne partie de l’Ouest algérien, comme à Nedroma, Maghnia, Mascara, Relizane, ou encore à Aïn Tallout où l'exerce l'association folklorique Ouchak sidi Youcef, interrogée durant le tournage de l'épisode 5 de Direction l'Algérie.

“Pour ne pas qu’il tombe dans l’oubli."

"Chaque région a son style son folklore. Ouled Nhar a le sien et nous avons le nôtre, un mélange de danse traditionnelle et de musique bedoui", explique Rabeh Hamr el Aïn, membre du groupe, qui a reçu cette longue tradition "de père en fils".

Devant nos caméras, l’homme confie son souhait : "On aimerait que cette tradition ne se perde pas. De la même manière que nous l’avons reçue de nos ancêtres, on la transmet nous aussi aux jeunes d'aujourd'hui. Pour ne pas que cet art tombe dans l’oubli."

Au-delà de l’aspect guerrier, le Allaoui raconte aujourd’hui cette mémoire partagée. Les anciens transmettent aux nouvelles générations non seulement une danse et un chant, mais également une mémoire de résistance. Toujours pratiqué dans les fêtes populaires, les mariages, les commémorations, le Allaoui est bel et bien un art toujours vivant en Algérie. Des festivals le programment, des chorégraphes et des artistes s’en inspirent, à l’instar du célèbre deejay franco-algérien Dj Snake, qui en a fait un tube planétaire avec Disco Maghreb.

Houari Ayadi

Producteur-réalisateur de la série documentaire Direction l’Algérie (AYADI Productions - A. Prods)

https://www.directionlalgerie.com/
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