L’Algérie, une “alternative au Maroc bondé”

Dans le célèbre journal britannique The Independent, un spécialiste des voyages livre ses impressions sur l’Algérie qu’il a récemment visitée. Il raconte son voyage authentique, plein de découvertes, dans cet immense pays préservé du tourisme de masse.

Dans la région du Tassili N'ajjer en Algérie (Photographie prise par Dom Tulett, journaliste spécialisé dans le tourisme, et publiée sur son compte X : @DomTulett)

Dans la région du Tassili n'Ajjer en Algérie (Photographie prise par Dom Tulett, journaliste spécialisé dans le tourisme, et publiée sur son compte X : @DomTulett)

Alors que Marrakech est envahie par les touristes, Dom Tulett découvre plus à l’Est des peintures rupestres impressionnantes, un désert immense et des marchés charmants”. Ainsi, commence le récit de voyage en Algérie du baroudeur habitué à explorer le monde et à livrer ses impressions sur les différentes destinations qu’il parcoure.

“L’Algérie possède déjà plusieurs atouts face à ses voisins : des vols directs depuis Londres Gatwick atteignent Alger en moins de 3 heures — plus rapide qu’un vol vers Marrakech, Casablanca ou Fès”, souligne l’article de presse de The Independent, le célèbre quotidien britannique où le journaliste a donné son verdict ce jeudi sur la destination Algérie.

Expert en tourisme, Dom Tulett écrit pour plusieurs médias réputés, comme The Times, ou encore le National Geographic. Il y a quelques jours, il a reçu le prix du “Meilleur reportage de voyage de l'année” de la BGTW (British Guild of Travel Writers), la principale association britannique des médias dédiés aux voyages.

Pas de pièges à touristes, pas de rabatteurs agressifs vendant de fausses promesses d'authenticité

Avant de s’aventurer dans le plus grand désert du monde, le passionné de voyages a fait une première escale dans la capitale algérienne : “une ville dont les origines remontent au 6ᵉ siècle avant notre ère, lorsqu’elle n’était qu’un comptoir phénicien”, rappelle The Independent.

D’abord punique, puis romaine, ensuite vandale ou encore byzantine, Alger a été conquise plusieurs fois au cours de son histoire. Sur les collines qui s’élèvent depuis sa baie, “il en résulte une cité aux styles architecturaux multiples”, indique le tabloïd.

Véritable carrefour de civilisations, la fascinante métropole méditerranéenne surprend à chaque coin de rue, et Dom Tullet a notamment pu le constater en s’engouffrant dans son authentique Médina : “On y trouve des ateliers et des petites boutiques d’artisans, mais destinés avant tout aux clients locaux : pas de pièges à touristes, pas de rabatteurs agressifs vendant de fausses promesses d'authenticité”, peut-on également lire dans les colonnes du journal ce jeudi 6 novembre.

Des “passerelles vertigineuses

Après Alger, Dom Tulett s’est envolé vers Constantine, la spectaculaire ville des ponts suspendus, “pour explorer les passerelles vertigineuses qui lui valent son surnom“. Dans le but de relier entre eux des quartiers séparés par la roche, les différentes civilisations qui ont occupé cette cité construite sur un rocher massif, ont effectivement défié la nature en y construisant des ouvrages saisissants.

La troisième ville du pays, qui est aussi une des plus anciennes au monde, offre un panorama unique au-dessus du vide que le journaliste britannique a pu admirer. Après avoir traversé le pont Sidi M’Cid, qui a longtemps détenu le record mondial de hauteur, l’homme s’est aventuré sur un autre édifice et a fait part de ses sensations : “Le plus redoutable pour un journaliste souffrant de vertige reste le pont Mellah Slimane, une passerelle piétonne qui a la désagréable habitude de se balancer — en toute sécurité, dit-on — lorsqu’on la traverse.

La “belle” en arabe

Après s’être remis de ses émotions et 2 heures de routes plus tard, le voyageur expérimenté a eu la chance de s’offrir une visite privée des vestiges antiques de Djemila. “J’avais le site pour moi seul, accompagné seulement du bruissement des criquets et du souffle du vent sur les fleurs”, décrit-il.

Djemila — dont le nom vient du mot arabe « belle » — m’a impressionné autant que n’importe quel vestige romain autour de la Méditerranée, ajoute le journaliste.

Les ruines romaines de Djémila en Algérie (The Independent / Untamed Borders)

Les ruines romaines de Djémila en Algérie (The Independent / Untamed Borders)

Avec ses multiples piliers, ses colonnes et son ancien théâtre qui pouvait jadis accueillir jusqu’à 3 000 spectateurs, “Djémila apporte un témoignage exceptionnel sur une civilisation disparue”. Classée depuis 1982 au patrimoine mondial, l’ancienne Cuicul est “l'un des plus beaux ensembles de ruines romaines du monde”, renseigne l’Unesco sur son site internet.

“Remarquables peintures rupestres

Pour terminer son périple en beauté, Dom s’est ensuite envolé vers le Sahara algérien. Avant de s’aventurer dans le désert, il a d’abord gravi les sentiers d’un des 3 ksours de Djanet : le Ksar de Zelouaz, un village fortifié construit en pierre sur des montagnes par les anciens Touaregs de la région.

J’ai gravi les ruines en pisé de Zelouaze pour admirer, du haut de la colline, la bande verte des palmeraies”, raconte l’aventurier.

Depuis les récentes réformes touristiques mises en place par les autorités algériennes, l’oasis de Djanet attire de plus en plus de visiteurs. Mais avant de se vêtir d’interminables dunes de sable qui font aujourd’hui la joie des touristes, ce territoire désertique était une vaste prairie, il y a des dizaines de milliers d’années. Témoins de ces changements radicaux du climat, des migrations de la faune et de l’évolution de la vie humaine dans la région : les gravures et peintures rupestres qui recouvrent toujours l’immense massif montagneux du Tassili n’Ajjer.

Son nom signifie « plateau des rivières », en référence aux cours d’eau qui coulaient ici il y a 6 000 ans”, explique Dom Tullet. “Les preuves de cette époque plus verdoyante se trouvent sur les parois des canyons et les affleurements rocheux : de remarquables peintures rupestres rougeâtres représentant les peuples et les animaux qui peuplaient autrefois ces plaines.”

Classé depuis 1982 au patrimoine mondial par l'Unesco, le parc culturel du Tassili est l'un des plus grands et anciens “musées rupestres à ciel ouvert” du monde. “Ces images ancestrales montrent un monde peuplé de girafes et d’éléphants — difficile à imaginer aujourd’hui, alors que le désert s’étend à perte de vue dans toutes les directions : "jusqu’au Mali, et bien plus au-delà”, poursuit le spécialiste.

"J’avais déjà mis les pieds dans le désert du voisin marocain, où j’avais rejoint une foule de touristes avançant péniblement à dos de chameaux depuis l’arrière de notre hôtel jusqu’à des tentes luxueuses et un réfrigérateur rempli de boissons fraîches. Mais l’expérience avait perdu de son charme à cause des dizaines de traces de pneus qui zébraient le sable. Mon excursion marocaine n’avait rien d’une aventure dans un désert vierge ; c’était une balade dans un parc d’attraction. L’Algérie, elle, était différente.”

Houari Ayadi

Producteur-réalisateur de la série documentaire Direction l’Algérie (AYADI Productions - A. Prods)

https://www.directionlalgerie.com/
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